Tout savoir sur les écobuages qui vont commencer au Pays Basque et ailleurs, en ce moment un seul mot : kasu
Avant de créer une quelconque polémique, il n’est pas question ici de savoir si les écobuages sont bons ou néfastes. Je ne suis pas là pour juger ou prendre parti, même si j’ai mon avis comme beaucoup. Le sujet est plus que sensible, chez nous au Pays Basque, entre les adeptes et les antis. Cet article est là afin de vous expliquer ce que c’est et vous exposer les risques et les dangers, donner des conseils pour continuer votre passion en montagne durant cette période. Vous serez prévenu !
Connu sous le nom d’écobuage, c’est une technique agricole ancestrale appelée aussi « débroussaillement par le feu« . Le terme désigne un travail du sol consistant à un arrachage de la végétation (strate herbacée), et de la couche superficielle de l’humus, au moyen d’une « écobue » (outil tranchant proche de la pelle et de la houe). Puis une incinération (autrefois en petits tas ou en piles de mottes) de ces éléments, suivi d’un épandage des cendres sur le terrain, afin de l’enrichir en éléments nutritifs.
De nos jours l’usage du mot écobuage a dévié, il est utilisé pour désigner le feu pastoral. Ce brûlage pastoral est une technique d’entretien et de régénération des pâturages, utilisant le feu courant sur un espace défini durant la période de repos végétatif (fin automne, hiver, début printemps selon le climat et les régions). Il concerne uniquement la partie aérienne de la végétation. Au Pays Basque et dans le Béarn cela commence le 15 octobre pour finir le 31 mars, voire le 30 avril. En France, l’écobuage est pratiqué principalement dans les zones montagneuses ou accidentées. Ce sont des zones difficiles à entretenir du fait de leurs situations compliquées voire dangereuses. Cette pratique se fait dans les Pyrénées depuis des siècles.
Surveillance par les pompiers d’un écobuage non maitrisé
Les bienfaits des écobuages
- Contrôler les « refus », c’est la strate herbacée sèche ou morte, et la strate arbustive envahissante,
- Renouveler et diversifier les ressources pastorales, herbes et arbustes, dans le temps et dans l’espace,
- Favoriser l’accessibilité à la ressource pastorale, son appétence et sa préciosité,
- Contrôler les parasites externes, comme les tiques, des troupeaux,
- Réduire, s’il est bien contrôlé, les risques naturels : incendies par la réduction de biomasse combustible/avalanches stabilisation du manteau neigeux par la réduction du couvert végétal et combinaison avec le pâturage…
- « Nettoyer » au meilleur rapport coût/efficacité,
- Enlève une grosse pénibilité de travail pour les agriculteurs, s’ils devaient le faire avec de l’outillage cela serait extrêmement long et fastidieux,
- Contribuer à l’ouverture et au maintien des paysages pastoraux, ainsi qu’à la préservation des habitats d’espèces associés à ces milieux ouverts, comme certains rapaces,
- Dans certaines régions cela sert à brûler les broussailles pendant l’hiver, permettant ainsi de réduire les risques d’incendies, au retour des beaux jours,
- Rendre les chemins de randonnées plus accessibles,
- Les montagnes sont plus jolies, plus vertes en été.
Les inconvénients de l’écobuage s’il est mal utilisé
- Gêne la protection et le repeuplement du gibier s’il est conduit sur de trop grandes surfaces,
- Détruit une partie de la biodiversité incapable de fuir (mollusques, insectes lents, larves…,
- S’il est répété tous les ans, peut porter atteinte au maintien de l’équilibre biologique,
- Mal utilisé, il dégrade les sols. Sauf dans les zones avec les sols humides comme chez nous au Pays Basque. Par contre quoiqu’il arrive les incendies dégradent les sols. L’écobuage n’est pas un incendie, mais un feu contrôlé. Des études ont été mené afin de prouver tout cela.
- Favorise l’invasivité de certaines plantes, dont certaines produisent alors des phénotypes riches en silice. Ce qui les rendent moins appétentes pour les moutons ou d’autres herbivores,
- Mal maîtrisé cela peut dégénérer en incendie,
- Pollution par émission de dioxine, furanes, le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils et semi-volatils, des particules, des oxydes d’azote (NOx), et bien d’autres.
- Pollution par émission de particules fines, dans certaines configurations météorologiques. Brûler 50 kg de végétaux émet autant de particules qu’une voiture à moteur Diesel récente qui parcourt 13000 km,
- Brûle les arbres,
- Les montagnes sont noires durant 2 ou 3 semaines.
- En février 2020 à Chambon, dans le nord du Gars, un homme de 82 ans est retrouvé décédé au milieu de 3000 m² brulés,
- Le 10 février 2000, 5 personnes décèdent et 3 autres sont grièvement brulés à Esterençuby. Ils faisaient parti d’un club alpin et circulaient sur le GR10. Cet écobuage avait été fait sans autorisation préalable, et ne respectait pas les règles établies,
- En Janvier 2002, sur le col d’Ahusquy, une personne de 70 ans décède sur un écobuage, qui avait eu toutes les autorisations.
- Des mairies,
- Des préfectures,
- Des commissions locales écobuage qui existent dans une centaine de commune dans notre département. Elles rassemblent les responsables d’écobuage, les élus et toute personne impliquée dans la réalisation des chantiers : ONF, chasseurs, animateurs Natura2000… Les risques sont identifiés, la façon de procéder calée, et le rôle de chacun défini,
- Selon la zone, de l’ONF,
- Lors d’un écobuage, on procède à l’allumage par le bas, le feu se déplace vers la partie haute, tout comme les fumées. Il est donc difficile de « s’échapper » du sommet. Et si vous étiez déjà en haut il vous empêchera de descendre.
- Forcement les flammes provoquent des brulures internes et externes, mais attention les fumées aussi, elles sont extrêmement toxiques,
- A hautes doses, les fumées peuvent provoquer des intoxications avec des répercutions irréversibles sur votre respiration,
- Risque d’étouffement,
- Avec le vent, le feu sera toujours plus rapide que vous.
Le plus bénin :
- Lors de votre fuite vous risquez de vous blesser en chutant,
- Les écobuages peuvent provoquer des chutes de pierres, ce qui peut aussi être grave,
- Vous pouvez être incommodé par les effets de la fumée pendant plusieurs jours.
- Des entorses ou des fractures en courant ou en chutant,
- Des intoxications avec les inhalations de fumées,
- Des coups, des traumas crâniens, plus ou moins graves, avec la chute des pierres, ou rochers,
- Des brulures lors d’un contact avec le feu,
- Des malaises dus à l’effort en cherchant à fuir le feu,
- Tous les problèmes pathologiques, liés à une maladie, qui seront déclenchés ou aggravés avec les efforts ou le stress.
- Restez calme, même si c’est plus facile à dire qu’à faire,
- Écartez vous de la fumée, elle présente le risque le plus important sur votre santé,
- Ne fuyez pas devant un feu montant, en raison de sa rapidité de propagation : gaz, chaleur, essoufflement…
- Si vous n’avez pas le choix, traversez le rideau de flammes, à l’endroit le moins dense, vers la zone déjà brûlée. Au préalable, débarrassez-vous de vos vêtements synthétiques très inflammables comme les pulls et les vestes polaires,
- Appelez le 112, le 18 ou tout autres numéros d’urgence. Dans la panique on oublie souvent les numéros importants. D’où l’importance de toujours emporter son téléphone.
- Prévention
- 18 octobre 2021
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