Les « pseudos » accompagnateurs en montagne, un fléau et un véritable danger.

« Je pratique des sports en montagne depuis longtemps, donc je maitrise et connais par cœur le milieu ainsi que tous les aspects ». Si l’on rajoute à cela les pseudos notoriétés sur les réseaux sociaux. Vous obtenez le combo parfait de la personne qui est sûre d’elle, qui peut être dangereuse pour elle, mais surtout pour les autres.

C’est le fléau dans beaucoup de domaines, l’absence totale ou le manque de formations. La montagne n’est malheureusement pas épargnée. Cet été comme tous les étés, je constate la même chose.  La randonnée, le trail, les trecks sont devenus bien plus que des phénomènes de mode, surtout depuis le covid. On s’aperçoit vite des bienfaits du grand air, cela devient une drogue. La rando ou le trail sont des pratiques qui, au premier abord, paraissent ultra simples, accessibles à tous avec peu de matériel. Sur le papier oui, mais la réalité est toute autre. La montagne est un terrain de jeu qui peut se révéler extrêmement dangereux.

Bien plus qu’un métier une vocation et une passion

Que ce soit en moyenne, haute montagne ou selon l’activité, chaque spécialité exige des examens et formations  pour encadrer. On ne peut pas et on ne doit pas s’improviser accompagnateur en montagne du jour au lendemain, sans aucune compétence.

Les différentes formations touchants au domaine de la montagne sont extrêmement complètes. Ce sont des heures, des semaines et même des années de formations. Des alternances entre théorie, pratiques et immersions. Forcément déjà formé en secourisme, on y apprend l’encadrement, l’environnement, la sécurité, la prévention, les techniques, voire la faune et la flore.

Ces métiers exigent plusieurs compétences :

• Connaissances : que ce soit le terrain, la météo, le parcours,
• Sens de l’orientation infaillible : en cas de mauvais temps soudain ou changement de parcours dû à une urgence,
• Sang-froid,
• Sérénité,
• Prudence,
• Analyse,
• Initiative,
• Adaptation,
• Ecoute,
• Relationnel,
• Excellente condition physique,
• Et j’en passe

Des bagages que l’on doit apprendre, même si certaines qualités peuvent être innées. Accompagnateur est donc un métier qui n’est pas donné à tout le monde. On ne se lève pas le matin se disant : « je vais amener des personnes en montagne aujourd’hui ».

Au Pays Basque, nous ne sommes malheureusement pas épargné non plus.

Tous les ans, beaucoup de touristes viennent sur la côte ou à l’intérieur afin de gravir nos petites montagnes. Nous avons de nombreux sommets plus ou moins accessibles. Cela reste de la moyenne montagne mais pouvant tout de même être dangereuse. Si vous être novice, sportif ou non, vous pouvez faire appel à des professionnels, des spécialistes pour vous aider. Comment les trouver ?  C’est là que cela devient du n’importe quoi et qu’il y a des dérives.

Notre société change, elle se résume à des likes, des j’aimes ou des followers. Plus on est suivi, plus les gens nous suivent. On ne se soucie plus de savoir ce qui est vrai ou pas, ce qui est bon ou pas. Les arnaqueurs l’ont bien compris. Bien entendu, et heureusement, les réseaux sociaux peuvent apporter du bon. Mais ils peuvent aussi cacher la réalité et faire passer d’une vie insignifiante à « la gloire » numérique. Sur les réseaux, beaucoup de profils existent sur les sorties montagnes. De belles photos, des personnes tentant des projets fous. Le but étant de montrer toujours plus, que l’on est plus fort que le profil d’à côté. C’est là qu’arrivent les problèmes.

On peut se créer un personnage fictif en voulant le rendre réel au yeux des autres

Faire de belles photos ou les piquer, parler de ses exploits ou tricher, se présenter en connaisseur ou mentir, c’est facile. On peut se créer un personnage fictif en voulant le rendre réel au yeux des autres. Plus c’est énorme plus cela passe, et plus vous êtes suivi sur les réseaux et plus on vous suit. Certains s’en servent pour faire du business et gagner de l’argent sur le dos des plus crédules. Quand cela touche le porte monnaie c’est déjà grave, mais quand cela peut toucher la santé c’est inadmissible. C’est là où je veux en venir.

Il est grave et dangereux de se servir de tout ça pour s’autoproclamer accompagnateur. Vous faites ce que vous voulez, courir 100 km en montagne, partir plusieurs jours, tenter l’Himalaya sans préparation  tant que vous êtes seul. Ce n’est pas parce que vous êtes une machine en montagne ou un sportif de haut niveau, que vous avez les compétences ou qualifications pour encadrer un groupe en montagne. Se gérer ou s’occuper de soi c’est une chose, avoir la responsabilité d’un groupe en est une autre. Ce n’est pas pour rien si les formations dans ces milieux sont longues.

Il est facile de duper les personnes

Tous les jours une photo en montagne. Cela ne veut pas dire que vous y allez tous les jours. Pourtant cela en donne l’impression. Les personnes qui regardent et suivent votre profil peuvent vous voir en professionnel. Ce n’est pas le cas. C’est ce qui se passe souvent sur la Rhune, ce célèbre massif Basque entre océan et montagne. Beaucoup de locaux accompagnent des touristes en haut pour une cinquantaine d’euros. Souvent moins cher qu’un vrai accompagnateur diplômé. Ils sont sportifs, souriants, agréables, parlent facilement. Ils vous donnent des conseils, vous mettent en confiance, mais sont dans l’illégalité.

Imaginez, vous avez un problème sur votre tableau électrique. Vous feriez appel à Manu dépanne Elec parce qu’il pose en photo au milieu de rouleaux de câbles et qu’il a 2 millions de followers ? Votre voiture est en panne vous appelleriez Freddy les bon tuyaux car il est plombier mais fait des photos sur des Porches ? Je ne pense pas. La montagne c’est pareil. Comme pour vos différents travaux vous faites appel à des personnes qualifiées. Alors pourquoi pas en montagne ? En cas de problème vous pouvez oublier les assurances et les différents recours. Quand cela touche le matériel cela peut couter cher, mais tout est remplaçable. Pas votre santé ou votre physique.

il n’y a pas de SAV pour toutes les pièces et encore moins pour votre vie !

Vous allez me dire que la basse montagne c’est facile, accessible qu’il n’y a pas de risque. Je ne vais même pas en débattre c’est non, un point c’est tout ! Tout accompagnements en haute ou basse montagne doivent être encadrés dans les règles par un accompagnateur diplômé. Que ce soit dans le cadre de rémunération ou pas ! Et oui, ceci même si vous le faites bénévolement, que vous vous proposez gentiment, juste par passion, d’amener un groupe en haut d’un sommet. Votre assurance ne vous couvrira pas en cas de problèmes si vous n’avez aucun diplôme. Exactement comme avec un artisan.

A partir du moment où une personne est désignée comme accompagnateur il est responsable de l’ensemble du groupe, quoiqu’il arrive !

Je ne parle pas bien entendu des sorties privées entre potes ou famille, ou encore des sorties avec certaines associations dont les adhérents sont assurés car ils partent entre eux. Je parle du Pays Basque et de randonnées, mais ce fléau touche toutes les régions et tous les sports outdoor.

Donc avant de vous engager avec n’importe qui, demandez des garanties, la base de la prévention !

 

Thomas Président / Fondateur