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Vous avez dit non assistance à personne en danger ?

Nous sommes bien d’accord que dans la vie courante la non-assistance à personne en danger est punie par la loi. En gros vous ne faites rien, même pas appeler les secours, vous risquez du pénal, ce qui est bien normal.

Normalement, en trail on vous dit toujours que vous devez faire attention à votre sécurité. Avec notamment du matériel obligatoire. Malheureusement on devrait rajouter la sécurité des autres coureurs également. Pour tout le monde cela parait bien sûr évident, et pourtant ces derniers temps, certains ont oublié les principes fondamentaux de l’entraide, voire du secours. La mode du trail, les records strava, les réseaux sociaux font que beaucoup pensent à leur image.

Ils se prennent pour Benat Marmissolle alors qu’il finissent en milieu de tableau

Les comportements et le mépris allants à l’encontre des valeurs de l’entraide augmentent. J’ai reçu quelques messages et témoignage sur le sujet qui le font hurler. Afin de ne porter tort à personne, je ne nommerai ni le nom de trails, qui n’y peuvent rien, ni des personnes. Mais à la place de certains j’aurais honte. Si vous vous reconnaissez dans ces exemples, c’est qu’il est grand temps de changer votre comportement, s’en est même urgent.

Beaucoup trop de coureurs ne sont pas formés en secourisme, mais porter secours ne veut pas forcément dire faire un massage cardio-respiratoire ou une PLS. S’arrêter, hydrater, donner à manger, appeler les organisateurs ou encore soutenir la personne jusqu’au ravitaillement suivant, cela en est la base, le secourisme commence par là. Et là, en lisant vous allez dire : mais bien sûr que c’est la base, je ne ferais jamais cela, c’est une honte. Pourtant tout cela est bien arrivé !

Ces comportement devraient être bannis des courses

Exemple 1

Dernièrement, Xabi un traileur ayant porté secours m’a raconté cette histoire. Sur un marathon un coureur titubait sans réellement suivre le chemin, en zig zag,  blanc comme un c… Il a fini par s’écrouler et Xabi s’est arrêté. Les dix coureurs devant lui non ! Ils sont tous passées à côté, c’était la première partie du classement. Ne me sortez pas d’excuses comme : « il m’a dit que cela allait, de continuer, qu’il n’avait pas de soucis réels ». Cela suffit juste à soulager votre conscience pour continuer votre chrono, votre objectif.

Un tout petit malaise hypo ce n’est pas très gênant, un Mars et ça repart. Mais quand le gars ne tient plus debout, qu’il chute devant vous. Comment pouvez-vous juger de son état sans s’arrêter ? Qu’il va vraiment bien ? Sur ce cas-là, Xabi l’a soutenu jusqu’au ravitaillement le plus proche. Il a mis beaucoup plus de temps que prévu mais il s’en fichait, bravo à lui

Mais si l’on va plus loin, encore plus honteux, personne n’a prévenu le ravitaillement qu’une personne était mal en amont. Et bien là, on est tout pile dans la non-assistance à personne en danger. La montagne est dangereuse, si Xabi n’avait pas insisté pour lui porter secours, il aurait très bien pu s’écrouler au bord d’une falaise et y rester, ou faire un malaise avec des conséquences graves. Allez vivre avec ça après, en vous disant que vous auriez pu l’aider, mais que vous n’avez rien fait, et qu’il est mort. Je noircis le tableau car il faut faire bouger les choses, prenez conscience du danger du trail et de la montagne. L’entraide doit y devenir OBLIGATOIRE.

Exemple 2

Vous en voulez encore un exemple, racontait par la victime elle même, un ami de surcroit ? Lors d’un ultra, une dizaine coureurs passent à côté de lui. Il est couché agar derrière un rocher, les réflexions qu’il a entendu sont :

  • pfff il est HS lui
  • il a bien raison de se reposer on devrait faire pareil mais aussi,
  • il ne faut pas s’arrêter comme lui sinon on ne repart pas
  • il n’est pas beau à voir »
  • Il est cuit le type

Et vous, vous auriez fait quoi ? Il s’avère que ce traileur était un ami qui n’était pas bien, il s’est assis sur le rocher, a fait un malaise et il est tombé en arrière. Il se trouvait tellement mal qu’il entendait tout mais ne pouvait pas parler. Heureusement un autre est passé par là, lui s’est arrêté, il lui a parlé, voyant qu’il était mal s’est occupé de lui. Mon pote allait mieux, à priori, un gros malaise hypo, il lui a demandé de le laisser qu’il allait arriver tout seul au prochain ravito puis arrêter.  Au bout du compte il l’a soutenu pendant plusieurs kilomètres, presque 5. Et bien chapeau bas, car ce bon samaritain a tout simplement refusé de le laisser seul. On l’aidant il a dû stopper son trail, il ne rentrait plus dans les barrières horaires. C’était pourtant une course qu’il avait préparée, et il a abandonné pour aider un autre qu’il ne connaissait même pas. Il est pourtant resté dans l’anonymat, il n’a pas souhaitait se mettre en avant ou en parler.

Combien serait capable de faire cela ? Au risque de ne jamais finir sa course?

Le trail est devenu un phénomène de mode, les kilomètres, les dénivelés et le nombre de traileurs augmentent considérablement. Le souci c’est que les personnes ne se préparent pas correctement, la plupart pense que c’est une randonnée en montagne. Ils passent de la route au trail en pensant que la transition est simple, ce n’est pas le cas. Le trail demande des capacités autres, une préparation. On ne va pas d’un 15km à un 45km en un an.  Pourtant un grand nombre de traileur le fait avec le risque de se mettre en danger.

Je ne vais pas vous faire la morale, mais malheureusement de plus en plus de monde vise un objectif, un chrono, ils s’entrainent dur pour réussir. On regarde de plus en plus ce que font les autres sur les réseaux sociaux et on veut faire mieux. Ajoutez à cela les nombreuses marques ou magasins qui « sponsorisent » des coureurs, les budgets fringues et coursent qui comptent… Bref malheureusement les coureurs vont de moins en moins aider les autres. J’ose espérer que je me trompe. Ce qui est sûr c’est que la montagne est dangereuse, il faut faire attention les uns aux autres, ne pas croire celui qui vous dit que cela va bien, de continuer. La plupart ne veulent pas déranger, ont leur orgueil, veulent absolument finir. Les organisateurs ont des contraintes, ils font tout  pour que cela se passe au mieux. Mais les postes de secours en trail ne peuvent, malheureusement, pas arriver vite sur place vu la complexité en montagne, cette entraide est donc primordiale.

Par cet article, je ne souhaite pas créer de polémique, ce n’est pas le but de notre association. Je veux juste mettre le point sur des faits, soulever un problème important et faire changer les mentalités. Le trail n’est pas professionnel, cela doit rester un plaisir avant tout. La recherche de la performance ne doit jamais prévaloir sur notre sécurité à tous! 

Thomas

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