HomeDiversAu revoir Xantxo, mais pas adieu

Au revoir Xantxo, mais pas adieu

Avant de créer un effet de panique, une émeute ou un deuil national, je tiens à préciser que le kiki n’est pas mort. Que je n’écris pas non plus sous la menace d’un couteau sous la gorge.

Comme beaucoup de personnes dans notre Pays Basque, j’ai appris la nouvelle avec tristesse. Xantxo, le meilleur speakeur que le trail connaisse, a décidé de raccrocher son micro, afin de se consacrer un peu plus à sa vie de famille. Pour une fois que l’on peut faire l’éloge d’une personne de son vivant, j’en profite. Avec ce petit article je souhaite remercier, du fond du cœur, ce super mec. Comme quoi 2020 c’est vraiment une année pourrie.

Pour ceux qui ne sont pas Basques, Xantxo doit être imprononçable. Vous devez même penser que c’est le nom d’une nouvelle filiale des téléphones Xiaomi. Pour les Basques, ce Xantxo c’est bien plus qu’un prénom, c’est LA pièce maitresse des courses locales.

 

Très bien connu par tous les traileurs du Pays Basque, c’est le Monsieur Plus des organisateurs de trails. C’est tout simplement LE speaker le plus demandé du Sud-Ouest, il anime la quasi-totalité des courses locales, que ce soit en trails ou sur d’autres formats comme la route, ou les courses de village.

Vous savez que vous allez organiser une course bien pourrie et sans intérêt ? Faites le venir, ce sera l’évènement du week-end. Les plus grands coureurs seront alors présents sur la ligne de départ, rien que pour entendre susurrer leur nom de la bouche de ce mec. Il peut rendre magique une course merdique, mettre du soleil en plein trail inondé. Donner le sourire au schtroumpf grognon. Il paraitrait même, que lors de son passage à Lourdes, des personnes ce seraient relevées et mises à courir en l’entendant.

DES DOIGTS DE FÉE QUI TIENNENT LE MICRO

 Il commente en Français et en Basque avec une aisance déconcertante. Il ne le dit pas, mais il est aussi demandé en Chine et dans d’autres pays, qu’il a refusé à cause du covid. En effet, il parle couramment 18 langues, à en faire pâlir les plus grands traducteurs : Allemand, Chinois, Japonnais, Espagnol, le Géorgien, le Tamoul, l’Hébreu et j’en passe. Il se dit même, en haut lieu, que Matignon chercherait à l’enrôler afin de traduire ce que disent nos politiques, mais surtout pour les diners mondains et les parties fines.

Mais impossible de faire sortir ce Basque de sa capitale : Saint Martin d’Arrossa. Pour l’instant on arrivait à le garder ici avec des bières, beaucoup de bières, beaucoup beaucoup de bières, des talos, les montagnes, de la musique, sa femme, ses enfants et la pelote.

Il a d’ailleurs même été nommé entraineur en chef, de la sélection internationale de main nue de son village, une consécration pour ce piètre joueur, gentil mais mauvais. Étant jeune, il a pourtant tout tenté et essayé. Ces entraineurs n’ont jamais réussi à lui faire comprendre que lorsque le gardien faisait une passe il n’y avait pas « en avant », mais surtout qu’il avait le droit de prendre le ballon à la main, ce n’était pas une faute. Mais je ne suis pas là pour critiquer son passé de sportif refoulé. Cela ne nous regarde pas !

L’INDISPENSABLE DES TRAILS LOCAUX

Bref, tant qu’il restera ce bon vivant, le Pays Basque a toutes ses chances pour garder ce bellâtre, ce demi-dieu, parmi nous. Enfin c’est ce que l’on pensait, avant ce drame de la semaine dernière, et cette terrible nouvelle annoncée par la presse locale : l’arrêt de ce bonhomme, ce monstre de speaker, qui fut micro d’or en 2015, 2016 et 2018.

Avec sa consécration en 2019, et son Grammy Awards aux côtés de Rocco Siffredi. Cette nouvelle a bouleversé les marchés financiers. Dans son Pays Basque, les discutions sur le covid et les fêtes de fin d’année sont passées en 2ème plan, après celles de son arrêt. Tous les médias en parlent, c’est le sujet à la mode qui agite l’euskadi en cette fin d’année.

Mais redevenons, un peu sérieux, il le mérite. Quand il anime une course, il y met tout son cœur : il s’implique à 200%. Comme on dit, il mouille le maillot, il est plus trempé que moi après un trail (ceux qui me connaissent vont dire que c’est normal, bande de fumier). Car ne croyez pas qu’il ne fait que parler. Il chante, il échauffe les coureurs avant le départ, saute, danse, se tape des chorégraphies et des sprints avec les coureurs à l’arrivée. On le surnomme même Usain Bolt, enfin surtout sa femme, je ne sais pas pourquoi, mais ça aussi cela ne nous regarde pas.

Il perd entre 2 kg et 4 kg par course, on a d’ailleurs tous peur pour son intégrité physique. On a eu raison, depuis 2 ans il a un corps d’athlète, on a du mal à le reconnaitre. Il vient de passer sous la barre des 32 min sur le 10 km, une machine qui s’entraine régulièrement en VTT, et randonne partout dans ses montagnes.

Il connait tous les coureurs, il a toujours un petit mot sympa pour chacun, avant ou après la course. Les premiers comme les derniers, auront une attention toute particulière, il fait des tcheks à tout le monde. Ce n’est pas bien en période de covid, mais quand Xantxo vous fait un tchek, il est coutume de ne pas se laver les mains, pendant 3 semaines. C’est un honneur. Il sait faire monter doucement la pression, anime comme personne un trail du début jusqu’à la fin. Ce mec met en fait, tout simplement le feu partout où il va, un pur bonheur.

UN COMMENTATEUR HORS NORMES

C’est un vrai caméléon, habillé en sorcier pendant Halloween, en superman pour l’Euskal Trails ou encore avec un béret. Certains auront eu la chance de le voir en tutu rose, lors d’un one man show, en 2018 de mémoire. Mais il reste surtout l’homme à la casquette, qu’elle soit à l’endroit ou à l’envers. Il n’a peur de rien, la météo? C’est lui qui la fait. Quand vous, coureur, vous hésitez car il pleut, lui fonce tête baissée, telle une femme le 1er jour des soldes, ou lors d’une promo Nutella.

 

Je tiens à préciser qu’il le fait de façon complètement bénévole, uniquement par passion. Voir quelqu’un s’éclater comme ça, pour le plaisir, la joie d’être là, c’est rare. Dégager autant d’énergie, à chaque course, d’une semaine sur l’autre, du samedi au dimanche (car il enchaîne les courses), sans rien attendre en retour, juste vous donner du plaisir, c’est encore plus rare.

UNE LÉGENDE AU CŒUR D’OR

Il est toujours là du début de la préparation de la course, jusqu’à la fermeture des bars, là aussi par passion, mais celle des moments conviviaux, accoudé au comptoir. Ce gars est une légende, une poutre de notre sport. Il aligne les heures, en crachant et bavant sur son micro, pour notre seul bonheur. Sur l’Euskal Trail, il a plus d’heures de présence en 4 jours, qu’un cadre sup en 3 semaines. Les micros ne tiennent pas, ils explosent les uns après les autres. Il a même dézingué le lapin de duracell sur un concours en 2016. Il est infatigable et n’a aucune limite quand il parle dans son esquimau, c’est THE légende.

Ceux qui le connaissent reconnaitront le portrait de ce mec extraordinaire, unique et foncièrement gentil. Pour les autres, il gagne à être connu, vraiment.

Ce petit portrait est écrit sur un ton humoristique, car cela représente aussi le personnage, drôle et sans prise de tête. Il est également compétent dans tout ce qu’il fait, il est passionné dans tout ce qu’il entreprend. Il ne laisse pas indifférent ceux qui ont la chance de le croiser, toujours prêt à aider. Il ne se prend jamais au sérieux, un peu dommage tout de même pour un assureur.

Ce passionné de rando, de pelote Basque mais aussi de photos, a dans son cœur, bien ancrées, les valeurs du Pays Basque et celles de sa famille qu’il aime particulièrement.

Pour les amateurs de VTT, vous aurez la chance de le croiser, car il a créé une superbe course de VTT dans sa capitale : l’ErroBi’ke Xtrem. En espérant qu’elle puisse voir le jour en 2021, après l’annulation en 2020. Pour les autres il faudra attendre son jubilé, sur une ou deux courses en 2021. Forcément on ne peut pas le laisser partir comme ça ! La dernière solution, pour les fans absolus, vous pouvez aller le voir pour qu’il vous assure tout ce que vous possédez.

IL EST LA DÉFINITION DE L’HUMILITÉ !

On croise beaucoup de monde dans une vie, mais certains comme toi ne vous laissent jamais indifférent. Merci pour ce que tu as apporté au trail, dans notre Pays Basque, ces petits plus que tu as amené. Imagines la pression de ceux qui vont commenter derrière toi !!

Les trails 2021 auront un gout amer, ta voix ne résonnera plus à quelques kilomètres de la ligne d’arrivée, tu vas nous manquer.

 Milesker  bihotz bihotzetik Xantxo !

 Thomas

Leave a comment